Les consultants veulent du sens : comment les cabinets s’adaptent à la nouvelle génération ?
- Giulia
- 11 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 juil.

Un changement de paradigme générationnel
Longtemps perçu comme un tremplin vers des responsabilités prestigieuses, le métier de consultant est aujourd’hui challengé par une nouvelle génération de talents. Les jeunes diplômés, issus des grandes écoles ou de parcours hybrides, ne se contentent plus d’un bon salaire et d’une courbe d’apprentissage accélérée. Ils veulent du sens, un impact tangible sur la société, et une meilleure qualité de vie.
Dans ce contexte, les cabinets de conseil, tous segments confondus — stratégie, organisation, IT, transformation — sont contraints de repenser leur modèle d’attractivité et de rétention. Désormais, il ne suffit plus d’aligner les missions internationales et les clients prestigieux. Il faut surtout montrer comment l’activité du cabinet contribue à quelque chose de plus grand que la performance business : la transition écologique, l’inclusion sociale, la transformation des usages ou la durabilité des organisations.
La quête de sens : un facteur clé pour les jeunes consultants
Selon une étude menée en 2023 par le cabinet de recrutement Robert Walters, près de 72 % des jeunes actifs (moins de 30 ans) placent la dimension “travail utile” parmi leurs priorités professionnelles. Dans le secteur du conseil, réputé pour son exigence et son intensité, cette quête de sens se matérialise par plusieurs attentes récurrentes :
Travailler sur des projets à impact positif : développement durable, réduction de l’empreinte carbone, inclusion numérique...
Évoluer dans un environnement aligné avec leurs valeurs : transparence managériale, équilibre vie pro/perso, diversité.
Participer à la transformation des entreprises, mais en intégrant des logiques de responsabilité sociale et environnementale.
Face à cette transformation des attentes, les cabinets n'ont d'autre choix que de se réinventer, sous peine de voir fuir des talents pourtant stratégiques.
Les réponses multiples des cabinets de conseil
Des missions “à impact” mises en avant
Dans leur effort pour attirer et fidéliser les jeunes générations, de nombreux cabinets ont développé ou renforcé leurs pratiques en matière de conseil à impact. C’est le cas de BCG et de McKinsey, qui ont chacun lancé des pôles dédiés à la transition durable (respectivement BCG Climate & Sustainability et McKinsey Sustainability).
Ces entités permettent aux consultants de s’investir dans des projets liés à la décarbonation, à l’économie circulaire ou encore à la démission énergétique. Pour certains cabinets, comme Carbone 4, l'impact environnemental est même au cœur de l’offre de conseil. Ces structures attirent une nouvelle génération de profils “militants” issus d’horizons variés, y compris d’ingénierie, de sciences sociales ou de sciences politiques.
La transformation culturelle interne
Toutefois, mettre en avant des missions à impact ne suffit pas. La nouvelle génération attend une cohérence entre les valeurs affichées à l’externe et les pratiques internes. Face à cela, plusieurs cabinets ont entamé une transformation plus profonde de leur culture :
Meilleure conciliation vie professionnelle / vie personnelle : limitation des horaires tardifs, droit à la déconnexion, télétravail flexible
Participation accrue des collaborateurs aux décisions stratégiques : groupes de travail intergénérationnels, initiatives bottom-up...
Programmes RSE participatifs : bénévolat de compétences, mécénat de temps, participation à des projets internes green
Par exemple, Accenture a établi depuis plusieurs années des plateformes internes permettant aux consultants de s’engager sur des missions pro bono ou dans des initiatives de développement durable. BearingPoint, de son côté, a structuré un programme de "consulting citoyen" ouvert à tous les grades.
Un enjeu RH et stratégique majeur
L’attraction et la rétention des talents sont devenues des priorités stratégiques. Dans un marché du conseil toujours plus tendu, marqué par une compétition féroce et une montée en puissance de nouveaux acteurs hybrides, les cabinets ne peuvent plus se permettre d’ignorer les aspirations de leur vivier de jeunes consultants.
Cette mutation impacte également le positionnement commercial des cabinets. Proposer des solutions durables, réinventer les modèles économiques ou accompagner les transitions énergétiques ne sont plus des options pour les clients. Un cabinet capable de démontrer sa légitimité sur ces sujets — parce qu’il en porte lui-même les valeurs — gagnera en crédibilité et en parts de marché.
L’adaptation aux attentes de sens devient donc un levier de différenciation autant en interne (marque employeur, fidélisation, engagement) qu’en externe (client, réputation).
Réinventer le métier de consultant
Au-delà des ajustements RH ou marketing, c’est une redéfinition du métier de consultant qui s’opère. La figure classique du consultant “globe-trotter polyvalent” s’efface lentement derrière celle du “consultant engagé”, expert d’un environnement, d’un secteur ou d’un sujet de transformation sociétale.
Les cabinets ayant su faire cette mue attirent des profils pointus, capables d'apporter autant de sens que de méthode aux projets de transformation. Cette hybridation entre compétence métier et conscience des enjeux durables esquisse un avenir différent pour le secteur.
Une mutation révélatrice de l’évolution du secteur
Ce mouvement de fond révèle plus largement une évolution de la place du conseil dans l’économie : de catalyseur de performance, il devient aussi catalyseur de transformation responsable. Les consultants ne sont plus seulement les architectes des stratégies d’entreprise : ils sont aussi des vecteurs de changement systémique.
Les cabinets qui sauront pleinement intégrer cette nouvelle équation, fondée sur la triple performance — économique, sociale et environnementale — bâtiront leur avantage compétitif sur la durée. Et offriront aux jeunes générations de consultants un avenir aligné avec leurs convictions.




