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Expansion en Afrique : les nouvelles ambitions des cabinets français

  • Photo du rédacteur: Giulia
    Giulia
  • 9 juil.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 31 juil.

Afrique, nouvel horizon du conseil

Un marché en pleine effervescence, source d'opportunités stratégiques

Depuis quelques années, l’Afrique s'impose comme un terrain de croissance stratégique pour de nombreuses entreprises à l’échelle mondiale. Loin de l'image stéréotypée d’un continent en développement, l’Afrique se distingue désormais par l’essor de ses métropoles, l’émergence d’une classe moyenne dynamique, la digitalisation rapide de ses économies et la montée en puissance de nouveaux hubs économiques comme Lagos, Abidjan, Nairobi ou Dakar.

Dans ce contexte, les cabinets de conseil français, historiquement concentrés sur l’Europe et l’Amérique du Nord, revoient leur copie. L’Afrique ne se limite plus à quelques missions ponctuelles ou à un appui lointain orchestré depuis Paris. Elle devient une zone stratégique, intégrée à part entière dans leurs plans de croissance à moyen terme.


Des implantations locales pour mieux répondre aux besoins

Plusieurs cabinets de gestion et de stratégie ont récemment renforcé — ou entamé — leur présence directe en Afrique. En 2023, BearingPoint annonçait par exemple l’ouverture de bureaux permanents à Casablanca et à Abidjan, tandis que Roland Berger consolidait son implantation à Dakar. Quant au cabinet Sia Partners, il a accéléré son développement à travers des partenariats locaux au Maroc et en Afrique de l’Ouest.

Cette implantation géographique vise à répondre à une demande croissante pour des prestations à haute valeur ajoutée auprès d’acteurs publics, de banques panafricaines, de groupes industriels ou encore de fonds d’investissement en quête d'accompagnement dans leurs transformations.


Recrutement local et montée en compétences

La stratégie d’expansion passe aussi par une politique active de recrutement local. De nombreux cabinets investissent dans la formation de talents africains, en s’associant avec des universités et écoles renommées comme l’ESMT à Dakar ou HEC Rabat. Ces efforts visent à construire une offre enracinée localement, capable de conjuguer excellence méthodologique et connaissance fine des réalités culturelles et économiques du terrain.

« La qualité d’exécution dépend de la proximité. Pour être crédibles, nous devons nous appuyer sur des experts locaux, ayant grandi dans ces écosystèmes », affirme un associé senior d’un cabinet parisien présent à Abidjan depuis 2022.


Entre défis structurels et opportunités sectorielles

L’attractivité croissante du continent ne doit toutefois pas occulter les complexités structurelles majeures : gouvernances mouvantes, déficits d’infrastructures, cadres juridiques évolutifs ou accès parfois restreint aux données économiques fiables. Autant d’éléments qui exigent des modèles d’intervention adaptés, agiles et ancrés, loin des approches “copy-paste” qui prédominent ailleurs.


Des secteurs moteurs prioritaires

Certains secteurs se démarquent comme moteurs de demande pour les cabinets de conseil. Parmi eux :

  • Les télécommunications : ultra-dynamique, avec une croissance soutenue de la couverture mobile et de la data.

  • L’énergie : transition vers les renouvelables, électrification rurale, et développement de PPP dans les infrastructures.

  • La finance : modernisation des systèmes bancaires, montée en puissance de la fintech, besoins en stratégie digitale.

  • Le secteur public : appui à la transformation des politiques publiques, notamment sur les sujets d’e-gouvernement et de transparence.

« Notre présence à Casablanca et Abidjan nous a permis de mieux capter les enjeux d’un secteur bancaire africain en pleine mutation » souligne une manager chez Mazars Afrique.


Un repositionnement stratégique des cabinets français

L’engagement croissant des cabinets français sur le continent africain va bien au-delà d'opérations opportunistes. Il s’agit d’un véritable repositionnement stratégique, dicté par trois dynamiques de fond :

  1. Diversification géographique : pour réduire leur dépendance vis-à-vis des marchés matures en Europe occidentale.

  2. Capture d’une croissance organique : dans des marchés où la demande de conseil progresse à deux chiffres.

  3. Renouveau de mission : en apportant un rôle d’impact dans le développement économique et institutionnel.

À cet égard, le modèle des cabinets anglo-saxons, déjà bien ancrés en Afrique depuis plus d’une décennie (McKinsey, BCG, PwC…), constitue une référence, sinon une incitation à accélérer pour les firmes françaises. Une nouvelle concurrence s’installe, sur fond d’africanisation croissante du secteur.


Un nouveau visage du conseil global

L’essor des ambitions françaises en Afrique révèle aussi une mutation plus large du secteur du conseil à l’international. Les zones de croissance ne sont plus exclusivement localisées dans les capitales occidentales. Le cœur battant de l’innovation, des défis climatiques, de la digitalisation inclusive ou du financement du développement migrent — aussi — vers les Suds.

Cette nouvelle donne impose aux cabinets d’être plus hybrides, multiculturels et ancrés dans des économies qu’ils doivent non seulement accompagner, mais aussi comprendre en profondeur. L’Afrique, avec ses contrastes et son potentiel unique, leur offre un banc d’essai décisif.

Pour les consultants d’aujourd’hui – comme ceux de demain – cette évolution représente une opportunité sans précédent : celle de conjuguer carrière internationale, engagement sociétal et aventure entrepreneuriale sur un continent en mouvement.

 
 
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