Dubaï, Riyad, Abidjan : ces villes où les consultants français se bousculent
- Claire
- 13 juin
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 juil.

Une nouvelle géographie du conseil en plein essor
Longtemps concentrée sur les grandes places financières occidentales, l’industrie du conseil observe aujourd’hui un redéploiement stratégique vers des villes longtemps considérées comme périphériques : Dubaï, Riyad, Abidjan. Reflétant les transformations économiques géopolitiques des dernières années, ces hubs deviennent des destinations de choix, notamment pour les consultants français, qui y voient un levier d’accélération de carrière comme une opportunité d’impact fort.
Ces villes s’imposent de plus en plus dans les feuilles de route des grands cabinets de conseil internationaux. Bain & Company, McKinsey & Company, BCG ou encore Roland Berger y font croître leurs effectifs à un rythme soutenu, attirés par des marchés dynamiques, des projets de transformation ambitieux et des gouvernements volontaristes. Mais ce phénomène ne s’arrête pas là : il reflète également une évolution plus profonde de la stratégie d’expansion du secteur.
Dubaï : la porte d’entrée du Golfe
Hub incontournable pour le Moyen-Orient, Dubaï conjugue stabilité, connectivité et appétence pour l’innovation. Dans un environnement fiscal favorable et une atmosphère cosmopolite, la ville attire de nombreux experts du conseil venus d’Europe à la recherche de projets structurants.
Les consultants y accompagnent des clients publics comme privés dans le cadre de programmes de transformation numérique, de diversification économique ou encore de transition énergétique. Beaucoup d’initiatives s’inscrivent dans le sillage de la stratégie économique des Émirats Arabes Unis à l’horizon 2031, qui ambitionne de faire du pays l’un des dix plus compétitifs au monde. Les grands cabinets internationaux y voient un terrain propice au développement de leurs compétences sectorielles, notamment dans l’énergie, la finance, la smart city ou le tourisme.
Un levier d’accélération professionnelle
Pour les jeunes consultants français, une expérience à Dubaï peut représenter une opportunité d’extension de responsabilités. Les équipes sont plus petites, les niveaux hiérarchiques parfois moins rigides, ce qui permet à des profils confirmés ou même juniors de gérer des segments entiers de projet. De nombreux anciens de Paris ou de Lyon témoignent d’une progression rapide dans les grades ou d’une mobilité horizontale vers des secteurs porteurs.
Riyad : au cœur de la stratégie Vision 2030
En Arabie Saoudite, c’est à Riyad que les cabinets renforcent massivement leurs équipes. En ligne de mire : l’ambitieuse Vision 2030, programme de transformation économique conçu pour sortir l’économie nationale de sa dépendance aux hydrocarbures. Ports logistiques, industries créatives, tourisme giga-projets (comme NEOM ou Qiddiya) : les chantiers sont nombreux, complexes et profondément transverses.
Ces initiatives nécessitent un accompagnement stratégique et opérationnel pointu. Les gouvernements locaux mandatent les Big Three ou les grandes firmes européennes pour cadrer les feuilles de route, piloter les phases de delivery ou encore mobiliser les chaînes de fournisseurs. Cela ouvre un large éventail de missions pour les consultants français qui apportent leur expertise dans des domaines où le marché local peine encore à répondre à la demande.
Riyad devient ainsi un « hotspot » du conseil en transformation économique à très grande échelle. Les spécialistes en stratégie publique, en transformations organisationnelles ou en conduite du changement sont particulièrement recherchés.
Relever des défis sans équivalent
Travailler en Arabie Saoudite n'est pas sans défis : rythme intense, exigences élevées, gestion multiculturelle parfois complexe. Mais c’est aussi une exposition unique à des projets peu communs. Pour les cabinets, c’est l’occasion de capitaliser sur une montée en puissance du secteur public, et pour les consultants, un potentiel d'expérience incomparable à valoriser sur le long terme.
Abidjan : la perle de l’Afrique francophone
L’Afrique francophone attire, elle aussi, un nombre croissant de consultants français, et Abidjan en est devenu le principal pôle d’attraction. La ville connaît une croissance économique soutenue (plus de 6 % par an en moyenne depuis 2012), un développement urbain stratégique et une volonté politique d’attirer les investissements internationaux.
Les opportunités y sont variées : accompagnement des banques panafricaines, modernisation des télécoms, développement de grands axes infrastructurels. Les cabinets comme Mazars, Kearney, EY-Parthenon ou le groupe français Okan y sont fortement implantés, souvent en synergie avec des bureaux à Dakar, Casablanca ou Kinshasa.
Un conseil sur mesure dans des marchés en mutation
Le contexte est bien différent de celui du Moyen-Orient. Ici, les missions sont souvent très ancrées dans le tissu local. Elles nécessitent une compréhension fine des enjeux culturels, réglementaires ou politiques d’un pays en pleine transformation. Cela pousse les consultants expatriés à développer une approche plus agile, plus ancrée dans les réalités opérationnelles locales.
Et la concurrence monte. De plus en plus de jeunes cabinets africains prennent leur place sur le marché, apportant une expertise et une agilité que recherchent les grands groupes locaux. La présence française reste toutefois un marqueur fort, avec un atout linguistique et académique certain auprès des institutions régionales.
Une transformation du modèle du conseil global
Que révèle cet engouement pour Dubaï, Riyad ou Abidjan ? Avant tout, une mutation du modèle économique du conseil, de plus en plus tiré vers des zones en croissance rapide, en demande forte d’ingénierie stratégique. Les cabinets, confrontés à la saturation des marchés européens et nord-américains, voient dans ces géographies une double opportunité : élargir leur portefeuille sectoriel et attirer de nouveaux talents.
Plus largement, ces mouvements dessinent les contours d’un secteur du conseil globalisé, où le centre de gravité des projets ne se limite plus aux capitales occidentales, mais se déplace vers les grandes métropoles du Sud et de l’Est. Une dynamique que les jeunes consultants français sont de plus en plus nombreux à intégrer dans leur plan de carrière, en quête d’aventure professionnelle, d’expertise sectorielle, mais aussi de sens.
Conclusion : une nouvelle étape pour la carrière des consultants
Dubaï, Riyad et Abidjan ne sont pas que des destinations exotiques : ce sont aujourd’hui des territoires d’opportunités où se réinvente la pratique du conseil. Qu’il s’agisse d’intervenir sur des mégaprojets, d’accompagner une administration publique ou de structurer un marché naissant, ces villes offrent des terrains de jeu d’une richesse rare — et une accélération pour les carrières les plus ambitieuses.
Pour le secteur, c’est la confirmation que l’avenir se dessine aussi hors des sentiers battus, dans des marchés qui, hier encore, n’entraient pas dans la cartographie des priorités stratégiques. Un signal fort pour un conseil en pleine évolution.




