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Consultants boomerang : le retour en force des anciens collaborateurs dans les cabinets

  • Photo du rédacteur: Giulia
    Giulia
  • 19 sept.
  • 4 min de lecture
Panneau de demi-tour sur fond urbain.


Un phénomène de plus en plus fréquent dans les cabinets de conseil

Au sein des grands cabinets de conseil, un phénomène longtemps marginal semble aujourd’hui prendre de l’ampleur : le retour des anciens collaborateurs. Baptisé avec humour « consultants boomerang », ce mouvement désigne ces professionnels partis vers d'autres horizons qui finissent par revenir dans leur cabinet d’origine, parfois plus mûrs, plus expérimentés, et souvent pour occuper des postes plus stratégiques. Selon une étude menée par Source Global Research en 2023, près de 25 % des consultants rejoignant un cabinet de conseil aujourd'hui y ont déjà travaillé auparavant. Dans un marché de l’emploi hautement concurrentiel, où la guerre des talents fait rage, ces profils reviennent avec une valeur ajoutée indéniable.


Pourquoi les consultants reviennent ?


Une trajectoire professionnelle non linéaire assumée

Aujourd’hui, les carrières dans le conseil ne sont plus nécessairement linéaires. Quitter un cabinet après quelques années pour explorer d’autres secteurs – start-up, grands groupes, ONG, voire monter son propre projet – est devenu courant. Ce départ est rarement perçu comme un désaveu du métier, mais plutôt comme une étape d’enrichissement professionnel. Or, nombreux sont ceux qui réalisent que les fondamentaux appris en cabinet – rigueur, exigence, polyvalence – leur ont donné un socle particulièrement solide. Au fil de leur parcours, ils mesurent aussi ce que le conseil leur permettait en termes de variété des missions, d’exposition client et de dynamisme intellectuel.


Des cabinets qui cultivent désormais leurs alumni

À l’origine assez peu enclins à favoriser le retour des anciens, les cabinets ont revu leur copie. Des programmes structurés de gestion des alumni ont vu le jour chez les Big Four, les cabinets de stratégie ou les acteurs du conseil en transformation. Le but : maintenir un lien de qualité avec ceux qui partent et faciliter un éventuel retour. Par exemple, Deloitte, BCG ou encore Capgemini Invent ont mis en place des plateformes et événements dédiés à leurs anciens, leur proposant des actualités exclusives, du mentoring, voire des opportunités de postes à pourvoir. Certaines firmes vont jusqu’à organiser des « Rehire Days » à l’instar d’Accenture, où les alumni peuvent rencontrer les recruteurs pour discuter d’un retour potentiel.


Un pari gagnant pour les cabinets


Des profils déjà acculturés et opérationnels

Le principal atout d’un consultant boomerang, c’est sa connaissance de l’environnement. Il comprend déjà la culture du cabinet, les méthodes de travail, les attentes managériales et le niveau d’excellence requis. Le temps d’onboarding est considérablement réduit, tout comme les incertitudes liées à l’intégration. Par ailleurs, ces profils apportent une perspective nouvelle, enrichie de leurs autres expériences : secteur industriel, numérique, data, management opérationnel... Cet œil extérieur est souvent très apprécié dans un secteur où les approches peuvent être parfois trop standardisées.


Un levier stratégique pour améliorer la rétention des talents

Face à un churn élevé – avec un turnover de 15 % à 25 % dans les grandes structures selon les estimations sectorielles –la réintégration d’anciens consultants permet de capitaliser sur une marque employeur forte. Le message envoyé au marché est clair : partir n’est pas synonyme de rupture, et le cabinet est assez attractif pour séduire à nouveau. Certains cabinets vont même jusqu’à réintégrer d’anciens collaborateurs avec des évolutions significatives : augmentation des responsabilités, passage au management ou intégration dans des practices en croissance. Une manière de reconnaître la valeur de leur parcours tout en favorisant leur engagement durable.


Enjeux pour le secteur du conseil


Vers un modèle de carrière plus souple et modulaire

L'essor des consultants boomerang témoigne d'un changement de paradigme dans la gestion des ressources humaines en conseil. Les trajectoires professionnelles ne sont plus linéaires ni cloisonnées. Les cabinets doivent doncréconcilier l’exigence de performance immédiate avec des logiques de fidélisation à long terme. Les RH n’ont plus pour unique mission de recruter et former des talents jeunes, mais aussi de conserver un lien intelligent avec ceux qui partent – en anticipant leur possible retour. Une forme d’agilité dans la gestion des compétences, qui peut constituer un avantage compétitif réel.


Une réponse à la pression du marché et à la rareté des profils

Avec la reprise de la demande post-Covid, les besoins en recrutement dans le conseil sont repartis à la hausse. Or, de nombreuses firmes peinent à recruter à hauteur de leurs ambitions de croissance. Dans ce contexte,les consultants boomerang représentent une réponse stratégique à la pénurie de profils expérimentés. Ils permettent de combler rapidement des besoins dans des pôles critiques (digital, transition énergétique, data), tout en rappelant que le conseil, contrairement à certains clichés, peut être un milieu ouvert, voire bienveillant avec ceux qui souhaitent y revenir.


Des implications sur la culture managériale

Ce retour des anciens incite aussi les cabinets à réfléchir à leur culture managériale. Il ne s'agit plus uniquement de « faire monter » des juniors fidèles, mais aussi devaloriser les parcours atypiques et les entrants latéraux – y compris lorsqu’ils sont familiaux à l’organisation. Cette dynamique impose plus d’humilité aux encadrants, davantage de flexibilité dans les parcours, et la fin d’une vision parfois rigide de la fidélité professionnelle. En intégrant cela, les cabinets gagnent en modernité et en attractivité.


Conclusion : une tendance révélatrice de l’évolution du conseil

Le phénomène des consultants boomerang illustre une évolution profonde du secteur du conseil : plus fluide, moins dogmatique, et ancré dans une logique de gestion des talents qui dépasse le court terme. Les cabinets qui capitalisent intelligemment sur leurs anciens investisseurs humains montrent non seulement leur pouvoir d’attraction, mais aussi leur agilité stratégique. Dans un métier en constante mutation, où l’expertise, la diversité de pensées et la flexibilité sont devenues des atouts cruciaux,ces retours d’expérience contribuent à renouveler les approches et à nourrir l’innovation managériale. À l’heure où le sens, l’impact et l’équilibre de vie deviennent centraux, le conseil semble s’adapter en misant sur les allers-retours plutôt que sur les carrières toutes tracées.

 
 
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