Souveraineté industrielle européenne : une aubaine pour le consulting
- Giulia
- 1 oct.
- 3 min de lecture

Une volonté stratégique au cœur des priorités européennes
Depuis plusieurs années, l’Union européenne cherche à renforcer sa capacité à produire, innover et défendre ses intérêts économiques et technologiques face à une concurrence mondiale exacerbée. Cette stratégie de souveraineté industrielle s’est accélérée avec la crise du Covid-19, la guerre en Ukraine et les tensions géopolitiques qui ont mis en lumière les dépendances critiques du continent, notamment dans les secteurs des semi-conducteurs, de la pharmacie, de l’énergie ou encore des matières premières. Cette volonté politique se traduit désormais par une mobilisation massive de financements publics : plan de relance européen NextGeneration EU, dispositifs nationaux comme France 2030, alliances industrielles dans les batteries, l’hydrogène ou le cloud… autant d’initiatives qui nécessitent des expertises pointues pour être déployées efficacement. Dans ce contexte, les cabinets de conseil trouvent un terrain fertile pour accompagner cette transformation industrielle.
Une dynamique porteuse pour les cabinets de conseil
Des projets complexes nécessitant un accompagnement stratégique
Les projets liés à la souveraineté industrielle sont caractérisés par leur complexité : ils impliquent souvent une articulation entre les pouvoirs publics, des grands groupes industriels, des start-ups technologiques, des centres de recherche et des institutions financières. Coordonner ces acteurs, définir une feuille de route, identifier les bons leviers technologiques et économiques... autant de missions qui nécessitent l’intervention de cabinets de conseil, généralistes ou spécialisés. Les grands cabinets stratégiques comme McKinsey, BCG ou Roland Berger sont en première ligne pour accompagner les gouvernements dans la définition de leur politique industrielle. À titre d’exemple, Roland Berger, historiquement implanté en Allemagne et très actif dans les stratégies industrielles européennes, s’illustre régulièrement auprès de la Commission européenne et des gouvernements nationaux. De leur côté, les cabinets plus spécialisés tirent également leur épingle du jeu. Les acteurs du conseil en innovation (comme Alcimed, Wavestone ou Sia Partners) interviennent dans l’opérationnalisation des projets, la structuration de filières industrielles émergentes ou la maîtrise des technologies critiques (IA, quantique, cybersécurité).
Une demande croissante de compétences nouvelles
La montée en puissance de la souveraineté industrielle alimente une demande importante en consultants disposant de connaissances pointues en géopolitique industrielle, financement de l’innovation, analyse de chaînes de valeur ou régulation sectorielle. Cette évolution génère à la fois des opportunités de croissance pour les cabinets et une transformation interne en matière de recrutement et de montée en compétence. Les cabinets cherchent aujourd’hui à attirer des profils hybrides: ingénieurs ayant une appétence business, experts sectoriels ayant évolué dans l’industrie, ou profils juniors rapidement formés aux enjeux de politique industrielle.
Des enjeux multiples à gérer pour réussir la souveraineté industrielle
Conformité règlementaire et efficacité des aides publiques
L’un des défis majeurs réside dans la capacité des États et des entreprises à utiliser efficacement les fonds publics et à monter des projets conformes aux cadres règlementaires européens. Le régime des aides d’État, les contraintes liées aux marchés publics ou aux critères ESG imposent une ingénierie de projet rigoureuse, pour laquelle les cabinets de conseil jouent un rôle de chef d’orchestre crucial.
Coordination européenne et compétitivité globale
La souveraineté industrielle ne doit pas rimer avec protectionnisme. L’enjeu est de construire une industrie compétitive sur la scène mondiale, en coopération avec les pays partenaires, tout en assurant la maîtrise des technologies critiques. Les cabinets sont mobilisés pour faciliter cette coordination à l’échelle européenne, lever les freins culturels ou juridiques entre États membres et accompagner l’intégration des écosystèmes.
Une transformation profonde du rôle du conseil
La dynamique actuelle pousse les cabinets à dépasser leur rôle traditionnel de prestataire pour devenir de véritables partenaires de l’action publique et des entreprises. Dans le contexte européen, cela demande de manier à la fois l’analyse stratégique, la gestion de projet, la connaissance sectorielle fine et une capacité forte à dialoguer avec les institutions. Ce repositionnement s’accompagne également d’une réflexion sur l’éthique du conseil, sa contribution réelle à la souveraineté européenne et sa transparence dans l’usage des fonds publics. Les affaires polémiques autour de la place du consulting dans les décisions publiques (comme en France sur le recours aux cabinets pendant la crise sanitaire) ont ouvert un débat qui influence progressivement les pratiques du secteur.
Le conseil au cœur d’une nouvelle souveraineté européenne
La montée en puissance de la souveraineté industrielle européenne constitue une opportunité stratégique sans précédent pour les cabinets de conseil, à condition de savoir y apporter une réelle valeur ajoutée, tangible, mesurable, et alignée avec l’intérêt général. Elle accentue aussi la dynamique de spécialisations sectorielles, de régionalisation des expertises, et de convergence entre conseil en stratégie, conseil en ingénierie et conseil en innovation. Ce faisant, elle redéfinit en profondeur les contours du conseil en Europe. Pour les consultants et les jeunes talents, c’est une période propice pour construire des trajectoires professionnelles à fort impact, au service de la réindustrialisation, de la transition écologique et de la souveraineté numérique du continent. Autant de chantiers où le consulting peut jouer un rôle d’impulsion décisif.




