Retour des consultants “en immersion” : un format de mission qui séduit de nouveau les clients
- Lila
- 25 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 juil.

Un phénomène en plein renouveau dans le conseil
Depuis quelques mois, un format de mission connu mais délaissé pendant un temps fait son retour dans les grandes entreprises et les ETI : le consultant “en immersion”, intégré à temps plein au sein des équipes du client. Porté par des besoins accrus d’agilité, de pragmatisme opérationnel mais aussi de proximité humaine dans un monde professionnel post-COVID, ce modèle redevient un levier stratégique pour les cabinets et leurs clients. Cette évolution traduit une redéfinition des modes de travail dans le secteur du conseil. Exit les visio-conférences interminables et les restitutions à distance : les clients veulent désormais "voir" le consultant, le confronter au réel, et obtenir des résultats tangibles au quotidien.
Un retour favorisé par des contextes de transformation accélérée
Des entreprises en quête d'impact immédiat
Dans un environnement économique incertain, les directions générales et opérationnelles privilégient les approches concrètes. Transformation digitale, réorganisation post-fusion, mise en conformité réglementaire ou encore pilotage de performance : les sujets d’intervention exigent souvent une présence terrain pour véritablement porter leurs fruits. « Nous étions engagés depuis plusieurs mois dans un plan de transformation supply chain. Le fait d’avoir un consultant présent au quotidien avec nos équipes logistiques a radicalement changé la donne », confie la directrice des opérations d’un industriel du Sud-Ouest. « En immersion, le consultant ne reste pas dans la théorie mais devient un acteur du changement. »
Des cabinets qui adaptent leurs modèles
Face à cette demande, plusieurs cabinets – grands noms comme acteurs spécialisés – adaptent leur offre. Le cabinet Valtus, par exemple, historiquement positionné sur l’intérim de management, voit croître la demande de profils de transition en mode projet, qui combinent expertise métier et compétences en pilotage de transformation. De leur côté, des cabinets de stratégie ou d’organisation comme Kea & Partners, Eurogroup Consulting ou Wavestone, développent des formats "hybrides" où un ou plusieurs consultants s’installent dans les locaux du client pour des périodes de plusieurs semaines à plusieurs mois, tout en s’appuyant sur le back-office méthodologique du cabinet.
Quels avantages pour les clients et les consultants ?
Sur le plan client : efficacité, confiance, transmission
La présence quotidienne du consultant permet une montée en compétence progressive des équipes internes. Le transfert de savoir-faire est facilité, les freins au changement mieux identifiés, les décisions prises plus rapidement. Cette proximité est également perçue comme un gage d’engagement. Le consultant ne conseille plus seulement : il coconstruit, prototype, teste aux côtés de ceux qui mettent en œuvre.
Sur le plan du consultant : immersion, accélération et crédibilité
Pour les consultants, l’immersion représente une forme d’évolution professionnelle. Confrontés directement aux enjeux du terrain, ils renforcent leur crédibilité, acquièrent une meilleure compréhension de la culture client, et développent des soft skills précieuses : leadership, adaptation, pédagogie. Selon Chloé, consultante confirmée chez Wavestone : « Une mission d’immersion, c’est exigeant mais très formateur. On apprend à se fondre dans les dynamiques internes, tout en jouant un rôle d’aiguillon pour faire bouger les lignes. »
Des limites à encadrer soigneusement
Ce format exige toutefois un cadrage rigoureux. Le risque est double : que le consultant devienne un simple “supplétif” organisationnel, ou qu'il perde la posture de recul critique inhérente au métier du conseil. Pour éviter cet écueil, certains cabinets mettent en place des points de recul hebdomadaires, avec un manager ou une équipe en support. Il est aussi essentiel de contractualiser clairement les objectifs et la durée de l'immersion, afin de préserver la dynamique de mission et d’éviter un effet de dilution.
Une réponse aux mutations du secteur du conseil
Ce retour de l’immersion s’inscrit dans une transformation plus large du métier de consultant :
Hybridation des compétences : le profil “consultant-exécutant” prend de l’ampleur, mêlant stratégie, opérationnel, change et accompagnement humain.
Régionalisation du conseil : avec le recul du full-remote, les clients cherchent des consultants proches géographiquement, capables de se déplacer facilement pour s’intégrer à leurs équipes.
Valorisation de l’impact terrain : à l’heure de la mesure des résultats, les directions achats et directions projets exigent de plus en plus de visibilité sur les livrables concrets.
En ce sens, le consultant en immersion devient la figure synthétique de ces évolutions : engagé, adaptable, multi-compétent.
Vers une redéfinition durable du rôle du consultant ?
La réapparition de modèles d’intervention plus incarnés et ancrés dans le réel révèle une volonté de repenser la place du conseil dans les organisations. Au-delà de l’expertise, c’est la capacité à activer le changement de l’intérieur qui devient centrale. À l’heure où les entreprises font face à des transformations systémiques – numérique, écologique, organisationnelle – les consultants sont attendus non plus seulement comme des “détenteurs de méthode”, mais comme des catalyseurs au cœur de la machine. Cette (re)mise en immersion pourrait bien marquer une nouvelle ère du conseil : celle d’un accompagnement de proximité, à la croisée du conseil et de l’action.




