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Des due diligences en moins de 2 semaines par les cabinets de conseil en stratégie : comment font-ils ?

  • Claire
  • 21 nov.
  • 4 min de lecture

équipe en salle de réunion


Une cadence toujours plus serrée dans un marché sous tension

Le secteur du private equity est en pleine effervescence. Face à une intensification de la concurrence entre fonds, la capacité à identifier, analyser et sécuriser rapidement une opportunité d’investissement devient un avantage différenciateur majeur. Dans ce contexte, les due diligences stratégiques, traditionnellement menées sur 3 à 5 semaines, sont désormais exécutées en moins de 15 jours par certains cabinets de conseil en stratégie de premier plan. Cette accélération soulève une question centrale : comment ces cabinets réussissent-ils à livrer des analyses stratégiques robustes, exploitables et crédibles dans un laps de temps aussi court ?


Un niveau d’industrialisation toujours plus poussé


Des process méthodologiques rodés

L’un des leviers clés réside dans la standardisation des approches. Nombreux sont les cabinets, comme Bain & Company, Roland Berger ou L.E.K. Consulting, à avoir investi significativement dans des outils internes et des frameworks déjà calibrés par secteur et type de transaction. Ces modèles permettent aux équipes de démarrer avec une trame structurée, directement adaptée à la typologie de la cible (B2B ou B2C, marché fragmenté ou concentré, modèle SaaS, etc.). « Nous privilégions une grille d’analyse pré-mâchée, enrichie au fil des missions, qui permet de gagner plusieurs jours dès les premiers échanges avec le client », indique un manager chez un acteur du Top 5 en stratégie.


Une base de données sectorielles en capitalisation continue

Autre pilier de cette rapidité : l’exploitation d’un savoir accumulé. Les cabinets les plus efficaces opèrent avec des bibliothèques internes de benchmarks, données de marché, analyses concurrentielles et playbooks clients issus de centaines d’études sectorielles précédentes. Ces actifs, s’ils sont correctement référencés et mis à jour, permettent de réduire drastiquement le besoin de recherche primaire – sans compromettre la profondeur de l’analyse.


Une machine projet taillée pour la vitesse


Mobiliser vite, intensément, efficacement

Réaliser une due diligence stratégique en 10 à 14 jours implique de mobiliser une équipe resserrée, disponible immédiatement, souvent sur des heures très soutenues. C’est pourquoi la plupart des cabinets disposent d’un vivier de consultants spécifiquement formés aux missions M&A, souvent regroupés dans des pôles spécialisés ou des task forces transactionnelles. Ces consultants, familiarisés avec les rythmes intenses et les livrables attendus, savent précisément où concentrer leurs efforts : entretiens experts flash, modélisation rapide, et structure de rapports optimisée dès la première itération.


Des partenariats data et de la recherche externalisée

Pour aller plus vite, plusieurs cabinets misent sur des accords avec des fournisseurs de données (Statista, PitchBook, Preqin, Gartner…), et sur des partnerships techniques avec des plateformes d’interviews experts à la demande (comme AlphaSights ou GLG). Des équipes de support internes ou basées dans des centres offshore prennent également en charge une partie de la recherche documentaire ou de la modélisation. Ce maillage opérationnel permet aux consultants front-line de se concentrer sur l’analyse stratégique à forte valeur ajoutée, tout en garantissant un taux d’exécution élevé et rapide.


Des clients qui en demandent toujours plus


Le private equity sous la pression du time-to-deal

La demande pour des due diligences accélérées ne provient pas seulement d’une quête de performance des cabinets : elle est largement tirée par des fonds d’investissement eux-mêmes soumis à une pression de closing accrue. Dans un contexte où les processus d’enchères sont de plus en plus compétitifs, le succès repose souvent sur la capacité à produire une conviction stratégique d’investissement avant les autres. Un partenaire d’un fonds mid-cap résume : « Sur certaines cibles, le temps de sucrerie est compté. Avoir une “strat diligence” en 12 jours nous permet de prendre une place plus forte dans le deal, sans forcément attendre la data room complète. »


Un niveau d’exigence inchangé

Toutefois, cette rapidité ne saurait être synonyme de baisse de qualité. Les comités d’investissement demeurent intransigeants sur la robustesse des hypothèses de marché, la crédibilité du business plan, ou encore les éléments différenciants de la cible. La capacité des cabinets à prioriser les zones de risque, à mettre en évidence les leviers d'amélioration post-closing et à modéliser leurs impacts quantitatifs reste déterminante… y compris en mode sprint.


Ce que cela révèle du conseil en stratégie d’aujourd’hui

Cette tendance traduit une évolution structurelle du marché du conseil en stratégie, désormais appelé à conjuguer rigueur analytique et vélocité opérationnelle. Le format court des missions de due diligence devient un laboratoire d’innovation méthodologique : utilisation de l’intelligence artificielle pour l’analyse documentaire, automatisation de la modélisation, formats de restitution ultra-synthétiques pour les comités de direction… Par ailleurs, elle accentue l’importance des soft skills : capacité à tenir un raisonnement sous contrainte de temps, à distinguer rapidement les signaux faibles, ou encore à formuler une recommandation claire avec des données parfois partielles.


Vers un “fast strategy” durable ?

L’avenir dira si cette capacité à produire des insights en temps record se généralisera à d’autres missions de conseil stratégique. Ce qui est certain, c’est que la montée en puissance des exigences d’exécution rapide vient bousculer les lignes traditionnelles du métier, autrefois associé à des cycles longs et de réflexion. En repensant leur approche pour s’adapter à ces nouveaux rythmes, les cabinets de conseil en stratégie démontrent leur capacité de résilience et d’adaptation dans un monde économique plus incertain – et plus rapide – que jamais.

 
 
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