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Chute du gouvernement Bayrou : quel impact pour les entreprises et le conseil ?

  • Florian
  • 10 sept.
  • 4 min de lecture

Hémicycle du Sénat français vide

Une crise politique aux répercussions économiques immédiates


Le départ fracassant de François Bayrou, Premier ministre d’un gouvernement de coalition centriste, a provoqué une onde de choc sur l’échiquier politique français. Mais ce séisme institutionnel dépasse rapidement le cadre parlementaire : les milieux économiques, déjà confrontés à un ralentissement mondial, s’interrogent désormais sur la stabilité réglementaire à court terme. Du côté des entreprises comme des cabinets de conseil, l’incertitude devient le paramètre dominant des prochains mois.Instabilité politique et volatilité réglementairePour les décideurs, la chute du gouvernement Bayrou marque une rupture brutale dans la trajectoire de réformes annoncées à grands renforts de communication depuis le début du mandat. En ligne de mire : la réforme du marché du travail, les incitations fiscales à l’innovation, ou encore la stratégie numérique de l’État. Côté conseil, les cabinets engagés dans l’accompagnement de ces politiques — notamment sur les volets de transformation publique et de modernisation des services de l’État — craignent déjà un gel ou un ralentissement de leurs missions. Cette incertitude génère de multiples effets ricochets. À commencer par des appels d'offres publics qui risquent d’être suspendus ou redimensionnés. « Le flux des projets dépend étroitement du cap politique. Pour l’instant, certains ministères remettent déjà en question leurs arbitrages budgétaires », confie un partner d’un grand cabinet anglo-saxon sous couvert d’anonymat.


Les entreprises en attente, les projets en suspens


Des directions générales moins enclines à investir

Côté entreprise, la chute du gouvernement intervient dans un climat de fragilité post-Covid, où la plupart des comités exécutifs privilégient déjà une allocation prudente de leurs ressources. L’instabilité politique pèse sur la confiance des directions générales, en particulier celles des secteurs sensibles à l’intervention de l’État : énergie, santé, infrastructures ou industrie. Dans ces secteurs régulés, chaque changement de doctrine peut modifier des business models entiers. Par exemple, une entreprise de transport terrestre avait structuré son plan de croissance 2025 en tablant sur la réforme de l'ouverture à la concurrence dans les transports régionaux. Aujourd’hui, le départ du gouvernement remet cette ambition sur la table. « Nos clients sont en mode pause », explique une consultante senior spécialisée en stratégie publique. « Ils attendent de savoir si les trajectoires annoncées au niveau de l’exécutif resteront valides et surtout qui les portera politiquement dans les mois à venir. »


Un report des projets de transformation structurelle

Les projets de fond — refonte des SI, transformation ESG, réorganisation du capital humain — en pâtissent également. Car ils s’inscrivent souvent dans le cadre de trajectoires pluriannuelles, étroitement alignées avec la ligne gouvernementale. En l’absence de visibilité, les directeurs de projets préfèrent retarder ou segmenter les initiatives. Cela affecte directement les cabinets, contraints de réviser leur pipeline commercial pour le second semestre. Certains, plus intégrés aux politiques publiques, envisagent de réaffecter les ressources vers des activités privées ou internationales. D'autres, particulièrement présents dans le conseil en stratégie ou en transformation digitale, voient leurs modèles moins affectés, mais s’interrogent sur l’impact long terme du choc politique.


Les cabinets de conseil face à une reconfiguration des demandes


Un recentrage vers la gestion de crise et la planification stratégique

En réponse à l’instabilité actuelle, plusieurs mouvements émergent dans les pratiques de conseil. D'une part, une montée en puissance des activités liées à la gestion de l'incertitude : scénarios stratégiques, restructuration de portefeuille, évaluation des risques géopolitiques. Les directions générales cherchent à comprendre quelles conséquences fiscales, réglementaires et économiques pourrait engendrer l’arrivée d’un nouveau gouvernement. D’autre part, les missions de due diligence ou de transformation RH évoluent, intégrant désormais une forte composante “risques politiques”. Certains cabinets spécialisés comme Roland Berger ou PwC Strategy& rapportent déjà une demande accrue d’analyses prospectives, notamment de la part des fonds d’investissement ou des entreprises internationalisées.


Des cabinets solidement implantés qui restent résilients

Malgré la volatilité du contexte, les grands cabinets disposent d’une robustesse opérationnelle qui leur permet de contenir l’impact à court terme. Chez McKinsey, Bain ou EY-Parthenon, la diversification des clients sur plusieurs marchés offre un matelas de résilience. De même, les cabinets français bien implantés dans le secteur privé — tels que Kea & Partners, Advancy ou PMP — observent une poursuite des projets dans la banque, la distribution ou l’industrie, relativement moins affectés par les remous politiques. Cependant, les plus exposés restent les cabinets tournés quasi exclusivement vers le public ou dépendants du plan “France 2030”. Pour eux, la période actuelle impose une double stratégie : sécuriser les contrats existants tout en tissant de nouvelles perspectives sectorielles.


Au-delà de la crise : ce que révèle ce moment pour le secteur


La crise politique actuelle agit comme un révélateur pour le marché du conseil. Elle distingue les modèles résilients et adaptables de ceux trop dépendants de l’agenda public. Elle rappelle également la nécessité, pour les partenaires stratégiques des organisations, de penser en scénarios et en résilience systémique. Enfin, elle illustre une réalité trop souvent sous-estimée : dans des environnements politiques instables, le conseil en pilotage du risque, planification stratégique et gestion de la transformation prend une place centrale, bien au-delà des logiques d’optimisation habituelles. Pour les jeunes consultants ou les étudiants en business school qui envisagent une carrière dans le conseil, cet épisode agit comme un cas d’école grandeur nature. Il démontre à quel point la capacité à naviguer l’incertitude, comprendre les dynamiques institutionnelles et adapter rapidement les offres de service est désormais essentielle à la pérennité d’un cabinet.


Conclusion


La chute du gouvernement Bayrou instaure une période charnière pour les entreprises françaises et leurs partenaires du secteur du conseil. Si l’incertitude provoque des ralentissements conjoncturels, elle offre également aux cabinets les plus agiles l’opportunité de renforcer leur rôle stratégique auprès des organisations. À condition d’investir dans l’analyse de risques politiques, la flexibilité opérationnelle et la diversification sectorielle, le conseil pourrait transformer cette crise en levier de croissance.

 
 
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